Fête de la Fête...
PONT SAINT-MAXENCE-60
La Fête c’est déjà quelque
chose, mais la Fête de la Fête c’est bien plus que
ça ! c’est même difficile à imaginer pour le
commun des mortels,mais car il y a un mais, cette Fête de
la Fête est mise en orbite par deux orfèvres en la matière,
deux professionnels de la profession comme disait
Jean-luc.Des gars qui tous les week-end et parfois en
semaine remettaient l’ouvrage sur le métier afin de
maîtriser l’art de la Fête,un peu comme Jean Baptiste
Grenouille qui traque inlassablement la quintessence du
parfum dans le livre de Suskind, à une différence
notable,nos deux lurons ne sont pas des tristes et la seule
règle c’est l’échange dans la joie et la bonne
humeur. Philippe et Bernard avec leurs petits camarades de
l’Association d’Etudes et d’Action pour
la sauvegarde de l’Environnement n’ont pas
hésité pour nous offrir en ce début des années 70 une
mélange de chansons à texte et des échanges
riches,vivants,contradictoires sur des sujets de société
aussi graves et importants que le nucléaire et
l’écologie.
Retrouver cette affiche plus de trente ans après
c’est bien sûr faire resurgir des amitiés, des
moments de bonheur mais aussi malheureusement de mesurer le
vide sidéral où est tombé la société française au moment
même ou le sommet de Copenhague vient de s’écraser
dans le mur. Cette Fête de la Fête était une des
traductions de ces mouvements d’idées qui agitaient
la société française et qui l’empêchait de tourner en
rond. Maintenant le seul slogan est : « consommez
tranquille, on s’occupe du reste » Pour
paraphraser un slogan vintage qui
disait : « Au secours Lénine ils sont
devenus fous » on pourrait crier : Au secours
Debord, Dumont, Reich, Foucault…ils sont devenus
fous ou même, mondialisation oblige :Help, Debord, Dumont,
Reich, Foucault They gone Crazy !
Pour Philippe et Bernard: Hip hip hip ...Hourra!
Cela
commence bien je ne retrouve pas la date,du moins
l ‘année car pour les jours il n’y a pas
de doute c’est marqué sur l ‘affiche, le
31 mai et le 1er
Juin. On
peut dire que la Fête de la Fête s’est déroulé entre
1972 et 1975, fourchette tout à fait correcte. En
retrouvant l’affiche,dans beaucoup de bazar,
j’ai eu envie de voir si j’avais des photos.
J’en avais peu de souvenir,sauf une photo prise
« backstage » comme on dit maintenant avec la
chanteuse de dos et une partie du public devant. Cette
série s’avère être la première d’une longue
série consacrée aux musiciens sur scène. Il faut dire
qu’à l’époque il ne fallait pas passer un
rideau de garde du corps aussi ouvert au dialogue
qu’une troupe de Huns s’abattant sur notre
bonne France. En deux jours c’est une partie de la
chanson française de l’époque qui défila sur cette
estrade champêtre...
JOEL
FAVREAU
Si je me
souviens bien, Joël Favreau était l’accompagnateur de
Brassens et cela lui conférait une respectabilité certaine.
FRANCESCA
SOLLEVILLE
Francesca
Solleville, Femme engagé, chante les poètes Aragon,
Apollinaire, Baudelaire, Genet … et le combat
politique contre le fascisme, la guerre du Vietnam sans
oublié le féminisme
Le
projecteur c'est l' soleil blanc
Danse, champion, danse !
Papillons noirs, les poings devant
Papillons noirs et fleur de sang rouge
Le dieu shorty est dans mon coin
Et l'amour nègre dans mes poings rouges
Le blanc me donne mon nom d'esclave
Mon nom est Muhammad Ali
Moi, j'ai choisi
Je suis boxeur et je le brave
Et je suis nègre et il me hait
Il me désarme
Il ordonne "Cassius Clay, ton tour
Est venu de porter aussi
Un fusil"
Et les enfants qui m'aiment d'amour
Me crient "Ali, ne va jamais
Au Vietnam !"
HENRI
TACHAN
Henri
Tachan, il y a dans Wikipédia quelques lignes qui donnent
une furieuse envie de redécouvrir ses
chansons : « Chanteur inclassable, ses
chansons à l'humour noir bousculent le monde du spectacle
et dénoncent une vision de la « connerie » et de la
bien-pensante hypocrite. Les thèmes qu'il aborde sont ceux
des auteurs de ces années-là : l'armée, le clergé, les
bourgeois, les médias et tant d'autres sont ainsi passés au
crible de la rébellion de cette époque tout en restant
d'actualité. D'autres chansons abordent des thèmes plus
tendres, passant de ses coups de gueule à ses coups de
cœur. »
Fais
un'e pipe à Pépé, avant qu'il ne la casse,
Un'e p'tit'e langue à Mémé, avant qu'elle ne trépasse
Et ne pouss'e pas des cris d'horreur, d'indignation :
Ils sont comme toi, les vieux,
Ils ont l'cul sous l'chignon !
La Chasse,
C'est le défoul'ment national, c'est la soupape des
frustrés,
La Chasse,
C'est la guéguerr'e permise aux hommes en temps de paix !
Chaque mois de septembre, le plumet au chapeau, ils
part'ent comme en quarante,
Ranimer la flaflame du Chasseur Inconnu qu'avait du poil au
ventre,
En cart'e comme les putes, ils dragu'ent à Rambouillet, ils
tapin'ent en Sologne,
Mais quand ils tir'ent leur coup, le client de passag'e se
réveille charogne...
GLENMOR
En
parlant d’engagement ,Glenmor est un bon exemple, il
forge son nom d’artiste de deux mots breton glenmor
(terre-mer) et devient un militant actif du nationalisme
Breton. C’est la belle époque des revendications
régionalistes qui réveille les régions françaises la
Bretagne, l’Occitanie…et même l’Alsace.
Tout
au bout du sillon
Pour l'orgie de nos guerres
pour le sang ennemi
pour la gloire éphémère
d'être vainqueur sans merci
pour l'orgueil des combats
au nom de la patrie
où l'on tue sans foi ni loi
où l'on meurt à crédit
pour l'infâme impuissance
de nos prêtres et nos rois
trônant sur l'abondance
de nos tombes couchées sous ta croix
tu seras là Seigneur
tu nous attends Seigneur
et nous pardonnes Seigneur.
« Nous sommes la terre et la
merGlen-mor
: terre et mer...Barde
qui passes sur la routeArrête-toi
pour écouter nos doutesPuissent
tes chants nous émouvoirNous
rendre l'ardeur de combattreTouche
nos coeurs et fais-nous voirFais
renaître le feu dans l'âtreQue
nous puissions nous reconnaîtreNous-même
et naître ! »
ANNE VANDERLOVE
Anne
Vanderlove,il me reste peu de souvenirs de ses chansons, il
faut bien reconnaître que musicalement c’était une
période très riche, rien qu’en France, et les
chanteurs « contestataires/ poil à gratter »
avait une visibilité plus marquée. La tendresse et
l’émotion reste un ton en dessous.
Si
j'ai fondu tant de chandelles
Depuis le temps qu'on ne s'est vus
Et si je lui reste fidèle,
A quoi me sert tant de vertu ?
Qu'on me laisse à mes amours mortes !
Qu'on me laisse à mes souvenirs
Mais avant de fermer la porte,
Qu'on me laisse le temps d'en rire
Le temps d'essayer d'en sourire..
Le plus
étonnant c’est l’absence de photographies
de
Morice Bénin, qui
faisait un malheur avec son univers très
personnel : « Une vague se profile à
l'horizon, qui augure les années 70, riches en remises en
cause, en révoltes radicales..., parfois naïves,
quelquefois sommaires, souvent salutaires. Il flirte avec
l'écologie (mouvement très embryonnaire à l'époque),
dénonce son contrat chez Barclay, et prend acte en fuyant
Paris en particulier, et le show-biz en général...
Peuple
nomade
Au risque d'être à
contre-courant des vents dominants
Fuyant les jougs, les tocsins des cités de guerre
Au risque d'être solitaire, oublié dans ce siècle sombre
Retrouvant la parole fécondée depuis des millénaires
Peuple nomade, je te rejoins
Je fais partie de ta légende
Ignoré des grandes instances
Planté sur la Terre
Artisan de l'Alliance
Ma terre promise est celle du cœur, de la nudité
Comme un serment, comme une offrande éternelle
Ma seule fortune est le sourire de l'aube perpétuée
Gravée dans la mémoire de ces hommes
solitaires
Et aussi
celles de
Ricet Barrier qui avec
son humour caustique et ravageur s’invitait dans
toutes les « fiesta » en fin de soirées…
Les
vacanciers
Cré vin dieu!
Voilà l'été, les vacanciers vont arriver
Voilà l'été, les vacanciers vont arriver
Y s'en viennent on sait pas d'où
Y s'en vont par un autre bout
Voilà l'été, c'est l'invasion des vacanciers.
Lucien (c'est mon fils!)
Écris donc "œufs frais" sur la porte
En deux mots imbécile!
Dommage de ne pas avoir de photos de ces deux gaillards,
peut- être que le film a eu un accident,ou bien les
négatifs sont dans un autre classeur. Ce ne sont pas des
photos grandioses,elles sont là simplement pour rappeler un
petit moment de bonheur et c’est déjà beaucoup.
Public trans-générationnel!