LA POESIE, L’
        OUTIL
        
         
        
        
        
        
        JOINDRE LE GESTE ET LA PAROLE
        
        Lorsque - sans verser dans une intention d’esthétique
        figée et passéiste-on met en présence les deux termes
        « outil » et « poésie », la
        confrontation geste/ parole nous amène à chercher le pont
        qui les relie : dés lors, on introduit l’homme
        dans l’histoire et l’on de réunifier en lui les
        sens et l’esprit, puis lui rendre pouvoir et liberté,
        tant il est vrai que depuis l’origine,
        l’aventure humaine a été de nommer le monde et de
        transformer. Dans toutes les civilisations, la parole
        rythmée a toujours accompagné et révélé les hommes dans
        leur activité ludique, affective, laborieuse ou
        métaphysique.
        
        Séparer le poète de l’ou/ l’oeu-vrier,
        c’est maintenir le classement artificiel savoir /
        savoir-faire, alors que la fabrication d’un poème ou
        l’invention et l’utilisation d’un outil,
        réclame la mobilisation de l’être tout entier. Tout
        deux sont pris dans la subtile dialectique de la contrainte
        et du plaisir ; ensemble il donne à voir et à penser,
        favorisant les yeux fertiles et l’éveil de
        l’esprit dans leur quête du monde et du mieux-être.
        Le poète vigilant est artisan passionné et gardien du
        langage, l’ouvrier lucide imagine protége son moyen
        de production : chacun nomme et fait. L’un et
        l’autre- s’engageant pour le même voyage par
        des chemins qui tantôt s’écartent, parfois se
        rencontrent, mais sont tout aussi aventureux, aléatoires,
        et n’ont rien d’innocent - savent
        d’intuition et d’expérience que seule
        « … la conscience qui se risque n’a rien à
        redouter de la plane ».
        
        Marie- José Lavallard
        
        
        
 
        
        
        
         
        
        bondonnière à râpe
        
        Un chant s’élève de chaque objet. L’artisan y a
        enfermé un peu de son corps qui avait bien connu
        l’amour, puis avait porté longtemps une maladie, à
        moins qu’il ne se fût simplement éteint de
        vieillesse. Chant du bois, de l’acier, du cuivre. On
        entend à travers les siècles ricaner les bourreaux, les
        filles rire d’une voix sauvage, les folles bêler,
        l’enfant gazouiller. L’objet ne
        s’évanouit pas.
        
        Jean Follain
        
        
 
        
        rabots
        
        
 
        
        rabot-----ciseaux
        
        
         
        
        herminette de tonnelier
        
        
        
        
        Pourquoi
        loues-tu l’outil de Louis ?
        
        Pourquoi plutôt celui de Louis ?
        
        Pourquoi plutôt lui ?
        
        
        Parce l’outil de Louis
        
        A une manière de luire
        
        Qui n’appartient qu’à lui.
        
        
        Jean François Lavallard
        
        
        
 
        
        machine à coudre---cisailles
        
        
        
         
        
        petite faux
        
        
        
        
        Les faux sont fraichement battues. C’est le dernier
        ouvrage du soir quand le village entier tinte au choc
        pressé des marteaux. Chacun sait que l’on ne bat pas
        une faux pour le regain comme on bat une faux pour le blé.
        Celle-ci attaque le chaume comme une scie ; celle là
        tranche comme le bistouri ; il lui faut un fil délicat
        modelé à petits coups et que la pierre achéve.
        
        Joseph Cressot
        
 
        
        
         
        
        
        
        EXPOSITION
        
        LA POESIE – L’OUTIL
        
        Réalisé par le
        
        CENTRE D’ACTION POETIQUE DE LA SOMME
        
        au CRDP à Amiens,
        
        Avec des outils collectionnés par Marie- José et
        Jean-François Lavallard.
        
        photographie Michel Gombart
        
        
        La plaquette a été conçue par le
        
        CENTRE D’ACTION POETIQUE DE LA SOMME
        
        et publiée par
        
        le CRDP.AMIENS.© 1989.
        
        
        
 
        
        chien de cordonnier---------compas
        
        
         
        
        chemin de fer
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
        
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