RENCONTRE PHOTOGRAPHES
& POETES
Exposition
« Accrochez dehors » Marais aux boeufs- Camon
Oeuvre: Jean
François Courteaux
Corole
de lumière
Quand
l’ambre de la nuit
Dessine
ses falaises de silence
On voit
la matière
frémir
sous l’écorce
On sent
l’encens des brumes translucides
Remonter
les pentes profondes.
Les
ombres font écran et profèrent l’immuable
Pour
retenir cette force érectile
Cette
sève bourgeonnante
Qui se
dresse feu et glace
Corole
de lumière surgissant des abîmes
On ne
tait pas l’ardeur des braises
On
n’étouffe pas les forces de la vie
Aux
profondeurs des plus paisibles choses
Bouillonne
une prophétie de signes
Comme
une trame de désir
Je pose
le regard sur la trame incertaine
Et sa
sève illumine le corps
Comme le
corps de la toile dont elle émerge.
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Oeuvre: Michel Gombart
The End
Dans l’éclair de la nuit comme une fenêtre sur le
monde
The end! Terminus! C’est fini!
Mais de l’autre côté,
C’est ce qui commence
Une histoire, deux êtres dans l’entre-deux
Entre l’ombre et la lumière
Le bout du voyage ou le commencement.
Les deux certainement.
Rien ne s’arrête définitivement
Sauf quand on le décide. Et encore...
Ils sont là à chuchoter une histoire
La leur ou celle des autres
Dans une intimité dévoilée par un lieu sans intimité
Un non lieu
Hall de gare, station de métro, lieu de passage où le
passage s’est arrêté.
Comme tout ce qui passe et finit
La fin suspendue au bout des lèvres
Au bout du regard
The end.
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Oeuvre: Ibéria Lebel
L’enterrement
d’une feuille morte (détail)
La feuille morte est sous le voile noir
Pourquoi prendre tant de soins pour si petite morte ?
Les humains ne s’émeuvent pas
Pour si peu !
On a du mal à imaginer
Le poids de la tenture.
Et des trois gouttes d’eau sur gauche
petits pois
petites balles
jonglant avec les vallées
velou-bleutées
tissu-moirées
à si peu de la main noire
Main ?
Mais non
On ignore encore ce qui se cache
Sous ce voile
Cette burqua
Circulez
Laissez la peine en son silence
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Oeuvre; Lolita Lejeune
Petite
barque à rêve
Pour le touriste
Qui veut passer vers l’autre rive.
Dis, Blaise,
Sommes-nous bien loin de Montmartre ?
Les lumières de la côte
Dessinent une mer à découper
En pointillé.
Les rames pour ne point effaroucher les gardes-côtes
Ni les touristes.
Le moteur est caché tout au fond.
Dans un instant tout va basculer
Tout est calme alentour
Le regard sur le côté le confirme
L’homme va bientôt installer son moteur
Et la barque filer vers l’Europe
Avec ses touristes européens
Qu’on renvoie dans leur pays.
Friselis de lumière
C’est de la côte que peut venir le danger
Qui obligera peut-être à sauter à l’eau,
Si loin de Montmartre !
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Oeuvre; Dominique Mercier
~ ainsi
me faire tourner en boucle ~
~ L’autre est sans issue ~ dans l’odeur de ce
qui vient ~ petit frère ~ viendra ~ et dont je ~
chien d’une rage ~ ne démords pas ~ pas ~ ne riez pas
~ hyènes ~ j’entends déjà vos rires ~ et
votre nez qui coule ~ ou ~ riez ~ ne riez pas ~ dessous vos
parasols de nuit ~ de nuit ~ que
tout cela m’égale ~ et dont je ~ chien d’une
rage ~ ne démords pas ~ j’appelle donc la
technique du corps ~ genre ~ mes yeux te voient ~ mes yeux
te rencontrent ~ que ~ que tout
esprit et dont je ~ chien d’une rage ~ ne ~ ne
démords pas ~ s’y ~ non ~ ne démords pas ~ que
tout esprit s’y reconnaisse ~ dans cette main ~ ou
dans ~ dans mon œil de carbone ~ qui ~ ou
dans le vrai ~ est un moment du faux ~ ou ~ un ~ il y a
dans ce croisement ~ c’est dire si je ~
suis ce préalable dont rien ~ visiblement ~ saura ~ ne
saura me réveiller ~ ainsi me faire
tourner en boucle ~
L’autre est sans issue ~
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Oeuvre: Sausen Mustafova
Cette
lumière vient pointer un endroit de la photo en
pleine masse sombre courage fuyons l’art de
l’étude
s’en va déliquescent telle une vie tentée
d’absurdité
Lumière anodine à côté de la clarté du sol-ciel ? La
masse sombre repose-t-elle sur le sol ou flotte-t-elle
dans un espace ? Rêve d’un ailleurs revisité où rien
ne repose sur rien où l’espace est infini où
d’énormes masses interrogent l’œil de
questions
sans réponse où tout se métamorphose dès que
perçu où tout se recompose dès un oubli du regard
et dans le mouvement nul ne sait où il est tant le
temps dans l’espace est caché par la fixité du regard
Ici rien ne bouge et pourtant tout bouge autour Nous
croyons mais cette croyance nous rend aveugle
regardez oui regardez cette beauté qui nous absout
de tout si nous partons du regard porté sur la photo :
cette lumière vient pointer un endroit de la
photo…
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Oeuvre: Jean-François Petitperrin
Belle
poupée bien née
Rayonnante
Dans son déambulatoire à esprit
Le corps est au repos
Paisible
Puisqu’absent
Peut-être même y-a-t-il plusieurs corps
Pour un cerveau ?
Quel gain d’images pourrions nous alors réaliser !
Sidération de l’univers univoque unimonde
Sous la lumière crue du réel refaçonné
La merveille entrevue
Est de l’autre côté du miroir
La trachée tranchée n’a aucune importance
C’est déjà le dedans de l’après
Les yeux grands ouverts
Bleu comme la vague à l’âme
Et les restes désossés du fauteuil de l’avion
Entre France et Brésil
Slash… vous avez été filmé à plus de 140 images à
l’heure
Vous serez convoqué.
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Oeuvre: Bernard Sodoyez
1-
Eu,
Jeudi d’août,
Ce 17.
Monsieur,
Je profite d’une escapade de mon père pour vous faire
part du curieux passe-temps qui
l’occupe depuis qu’il est arrivé ici : Papa
passe des journées entières à tailler dans mon visage
pour découper la pièce qui manque à son puzzle : S’il
continue à ce rythme-là, il m’aura
bientôt réduit en milliards de morceaux, et je
n’aurai pas trop d’un automne pour refaire ce
puzzle immense.
Cordialement.
2-
Et tandis
que les autres ont des mains comme de la terre, moi je
m’enduis souvent les bras
avec du lait de chaux… Je croise ainsi les bras et
j’attends, comme après la moisson, que la
paille fasse corps.
3-
La plume
chaume au gré du foin
Noir, blé
croisé d’un cheveu blanc
Et de
l’arôme musicien,
Cristallisé
par un grand vent
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Oeuvre: Patrice Roger
Enfance
au miroir
La vitre entre nous, là
est aussi pleine que la lucarne d’un puits renversé.
Il y coule des nuits grand teint
comme les tissus de mon enfance qui me fait signe
dans la marge.
Regardez-moi
par le trou de l’âme
mais ne vous penchez pas trop :
vous tomberiez de haut ;
regardez-moi me souvenir du petit paradis des sourires
juste au coin de mon œil humide.
De vous à moi ma voix est longue
comme une théorie de pleureuses
portant leur thrène à bout de bras et,
tel qu’un étendard, leur voile
au mât de leur chignon.
– Triste ?
– Non… Je m’enfante de mémoire
simplement
tout comme un art.
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Oeuvre: France Dufour
Pas de
texte.
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Texte
PHILIPPE
BLONDEAU
GILBERT
DESMEE
MARIA
DESMEE
JEAN
FOUCAULT
SAM
SAVREUX
Réalisés pour les « Passerelles Poétiques », entre
photographies et poésie,
Dans le cadre de la « Maison nomade de poésie »,
Collaboration avec le Centre Culturel Nymphea de Camon
Mai 2011
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