RENCONTRE PHOTOGRAPHES & POETES

Exposition « Accrochez dehors » Marais aux boeufs- Camon


Oeuvre: Jean François Courteaux

8618p

Corole de lumière

Quand l’ambre de la nuit
Dessine ses falaises de silence
On voit la matière
frémir sous l’écorce
On sent l’encens des brumes translucides
Remonter les pentes profondes.

Les ombres font écran et profèrent l’immuable
Pour retenir cette force érectile
Cette sève bourgeonnante
Qui se dresse feu et glace
Corole de lumière surgissant des abîmes

On ne tait pas l’ardeur des braises
On n’étouffe pas les forces de la vie

Aux profondeurs des plus paisibles choses
Bouillonne une prophétie de signes
Comme une trame de désir

Je pose le regard sur la trame incertaine
Et sa sève illumine le corps
Comme le corps de la toile dont elle émerge.

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Oeuvre: Michel Gombart

8611p
The End

Dans l’éclair de la nuit comme une fenêtre sur le monde
The end! Terminus! C’est fini!
Mais de l’autre côté,
C’est ce qui commence
Une histoire, deux êtres dans l’entre-deux
Entre l’ombre et la lumière

Le bout du voyage ou le commencement.
Les deux certainement.
Rien ne s’arrête définitivement
Sauf quand on le décide. Et encore...
Ils sont là à chuchoter une histoire
La leur ou celle des autres
Dans une intimité dévoilée par un lieu sans intimité
Un non lieu
Hall de gare, station de métro, lieu de passage où le passage s’est arrêté.
Comme tout ce qui passe et finit
La fin suspendue au bout des lèvres
Au bout du regard
The end.

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Oeuvre: Ibéria Lebel

8616p

L’enterrement d’une feuille morte (détail)

La feuille morte est sous le voile noir
Pourquoi prendre tant de soins pour si petite morte ?

Les humains ne s’émeuvent pas
Pour si peu !

On a du mal à imaginer
Le poids de la tenture.
Et des trois gouttes d’eau sur gauche

petits pois
petites balles
jonglant avec les vallées
velou-bleutées
tissu-moirées
à si peu de la main noire

Main ?
Mais non
On ignore encore ce qui se cache
Sous ce voile
Cette burqua

Circulez
Laissez la peine en son silence

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Oeuvre; Lolita Lejeune

8617p

Petite barque à rêve
Pour le touriste
Qui veut passer vers l’autre rive.

Dis, Blaise,
Sommes-nous bien loin de Montmartre ?

Les lumières de la côte
Dessinent une mer à découper
En pointillé.

Les rames pour ne point effaroucher les gardes-côtes
Ni les touristes.
Le moteur est caché tout au fond.
Dans un instant tout va basculer

Tout est calme alentour
Le regard sur le côté le confirme
L’homme va bientôt installer son moteur
Et la barque filer vers l’Europe
Avec ses touristes européens
Qu’on renvoie dans leur pays.

Friselis de lumière
C’est de la côte que peut venir le danger
Qui obligera peut-être à sauter à l’eau,
Si loin de Montmartre !

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Oeuvre; Dominique Mercier

8614p

~ ainsi me faire tourner en boucle ~

~ L’autre est sans issue ~ dans l’odeur de ce qui vient ~ petit frère ~ viendra ~ et dont je ~
chien d’une rage ~ ne démords pas ~ pas ~ ne riez pas ~ hyènes ~ j’entends déjà vos rires ~ et
votre nez qui coule ~ ou ~ riez ~ ne riez pas ~ dessous vos parasols de nuit ~ de nuit ~ que
tout cela m’égale ~ et dont je ~ chien d’une rage ~ ne démords pas ~ j’appelle donc la
technique du corps ~ genre ~ mes yeux te voient ~ mes yeux te rencontrent ~ que ~ que tout
esprit et dont je ~ chien d’une rage ~ ne ~ ne démords pas ~ s’y ~ non ~ ne démords pas ~ que
tout esprit s’y reconnaisse ~ dans cette main ~ ou dans ~ dans mon œil de carbone ~ qui ~ ou
dans le vrai ~ est un moment du faux ~ ou ~ un ~ il y a dans ce croisement ~ c’est dire si je ~
suis ce préalable dont rien ~ visiblement ~ saura ~ ne saura me réveiller ~ ainsi me faire
tourner en boucle ~

L’autre est sans issue ~

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Oeuvre: Sausen Mustafova


8615p

Cette lumière vient pointer un endroit de la photo en
pleine masse sombre courage fuyons l’art de l’étude
s’en va déliquescent telle une vie tentée d’absurdité
Lumière anodine à côté de la clarté du sol-ciel ? La
masse sombre repose-t-elle sur le sol ou flotte-t-elle
dans un espace ? Rêve d’un ailleurs revisité où rien
ne repose sur rien où l’espace est infini où
d’énormes masses interrogent l’œil de questions
sans réponse où tout se métamorphose dès que
perçu où tout se recompose dès un oubli du regard
et dans le mouvement nul ne sait où il est tant le
temps dans l’espace est caché par la fixité du regard
Ici rien ne bouge et pourtant tout bouge autour Nous
croyons mais cette croyance nous rend aveugle
regardez oui regardez cette beauté qui nous absout
de tout si nous partons du regard porté sur la photo :
cette lumière vient pointer un endroit de la photo…


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Oeuvre: Jean-François Petitperrin

8606p

Belle poupée bien née
Rayonnante
Dans son déambulatoire à esprit
Le corps est au repos
Paisible
Puisqu’absent

Peut-être même y-a-t-il plusieurs corps
Pour un cerveau ?
Quel gain d’images pourrions nous alors réaliser !

Sidération de l’univers univoque unimonde
Sous la lumière crue du réel refaçonné

La merveille entrevue
Est de l’autre côté du miroir
La trachée tranchée n’a aucune importance
C’est déjà le dedans de l’après

Les yeux grands ouverts
Bleu comme la vague à l’âme
Et les restes désossés du fauteuil de l’avion
Entre France et Brésil

Slash… vous avez été filmé à plus de 140 images à l’heure
Vous serez convoqué.

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Oeuvre: Bernard Sodoyez

8610p


1-

Eu,
Jeudi d’août,
Ce 17.

Monsieur,

Je profite d’une escapade de mon père pour vous faire part du curieux passe-temps qui
l’occupe depuis qu’il est arrivé ici : Papa passe des journées entières à tailler dans mon visage
pour découper la pièce qui manque à son puzzle : S’il continue à ce rythme-là, il m’aura
bientôt réduit en milliards de morceaux, et je n’aurai pas trop d’un automne pour refaire ce
puzzle immense.

Cordialement.

2-

Et tandis que les autres ont des mains comme de la terre, moi je m’enduis souvent les bras
avec du lait de chaux… Je croise ainsi les bras et j’attends, comme après la moisson, que la
paille fasse corps.


3-

La plume chaume au gré du foin
Noir, blé croisé d’un cheveu blanc
Et de l’arôme musicien,
Cristallisé par un grand vent

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Oeuvre: Patrice Roger

8637p


Enfance au miroir

La vitre entre nous, là
est aussi pleine que la lucarne d’un puits renversé.
Il y coule des nuits grand teint
comme les tissus de mon enfance qui me fait signe
dans la marge.
Regardez-moi
par le trou de l’âme
mais ne vous penchez pas trop :
vous tomberiez de haut ;
regardez-moi me souvenir du petit paradis des sourires
juste au coin de mon œil humide.
De vous à moi ma voix est longue
comme une théorie de pleureuses
portant leur thrène à bout de bras et,
tel qu’un étendard, leur voile
au mât de leur chignon.

– Triste ?
– Non… Je m’enfante de mémoire simplement
tout comme un art.

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Oeuvre: France Dufour

8612p

Pas de texte.

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Texte

PHILIPPE BLONDEAU

GILBERT DESMEE

MARIA DESMEE

JEAN FOUCAULT

SAM SAVREUX


Réalisés pour les « Passerelles Poétiques », entre photographies et poésie,
Dans le cadre de la « Maison nomade de poésie »,
Collaboration avec le Centre Culturel Nymphea de Camon
Mai 2011

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